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La e-cigarette est-elle sans danger ou est-ce une arnaque ?

La e-cigarette ou cigarette électronique nous prépare à une intoxication massive de la société à la nicotine. C’est exactement la même drogue prise sous une forme différente.

La e-cigarette, l’arnaque du 21e siècle ?

Changeons la " journée mondiale de lutte contre le tabac " en " journée mondiale de lutte contre la nicotine ".

Nouvelle mode dans le monde des addictions, loin d’être une solution de sevrage tabagique, la e-cigarette (ne délivrant pas de e-nicotine !) constitue seulement une porte d’entrée novatrice vers la consommation de nicotine.

Gageons qu’on ne parlera bientôt plus de "tabagisme" mais de "nicotinisme".

Arrêter de fumer avec la e-cigarette ? Enfin LA solution !

Ce serait même une révolution dans le monde du sevrage tabagique. Mais rappelons-nous du Zyban ou du Champix : d’abord considérés comme remède miracle pour arrêter de fumer, y compris par les autorités sanitaires, et aujourd’hui au banc des produits sous haute surveillance de l’Agence Nationale de sécurité du médicament.

Plus certainement, la e-cigarette nous prépare à une intoxication massive de la société à la nicotine.

Au 20e siècle, il était "parfaitement normal" de fumer du tabac ; au 21e siècle, sera-t-il devenu normal de consommer de la nicotine ?

Le 20e siècle avait inventé la seringue à nicotine qu’est la cigarette, le 21e se passionne pour sa version électronique qu’est la e-cigarette.

Quelle différence entre les deux produits ?

Aucune. Si ce n’est que le premier cause plus de dégâts d’abord à nos poumons, à cause des goudrons et additifs en tout genre, et que l’on a pas assez de recul pour connaitre les effets réels du second. Mais, utilisée librement, sans réel élément de mesure de consommation, la e-cigarette est une véritable seringue à nicotine.

De fait, c’est exactement la même drogue prise sous une forme différente. Et la punition sera la même pour ceux qui commencent à en consommer : ils seront dépendants et obligés d’en consommer encore plus et pendant longtemps.

Les industriels du tabac, marchands d’illusions et de mort, ne s’y sont pas trompés et ont racheté avec empressement et à prix d’or les brevets des e-cigarettes. Pour ces industriels, laisser de côté un marché aussi gigantesque aurait relevé de l’ incompétence professionnelle !

Mais proposer sur un marché très ouvert, en parallèle au tabac, une nouvelle forme attractive de délivrance de la nicotine pose non seulement un réel problème de santé publique mais un problème d’éthique.

Rappelons-le, un fumeur ne fume pas pour inspirer de la fumée mais pour absorber la nicotine que son corps lui réclame. Donnez à un fumeur une cigarette sans nicotine, il la refusera.

La nicotine est une drogue toxique, répertoriée comme un poison par toutes les instances sanitaires internationales (d’ailleurs, l’avertissement "tête de mort" apparaît bien sur les recharges en nicotine des e cigarettes). C’est aussi une drogue puissante par la rapidité avec laquelle elle rend dépendant.

Cette première dépendance physique à la nicotine entraîne une dépendance psychologique forte, rendant complexe le sevrage (certains deviennent même dépendants aux substituts nicotiniques).

La nicotine n’a pas les effets d’une substance psychotrope ou d’un produit de dopage, elle n’améliore pas les performances physiques et intellectuelles, au contraire, elle les dégrade.

La e-cigarette accumule donc de nombreux inconvénients :

 elle permet d’accrocher de nouveaux consommateurs, même jeunes, avec son aspect moderne et presque ludique, toujours disponible et sans limite de consommation établie ;

 elle permet aux fumeurs de continuer à fumer avec bonne conscience, sans visibilité de l’impact de cette consommation sur leurs organes, et avec même le sentiment de se "faire moins de mal", voire se faire du bien...

 elle complique les tentatives de sevrage, car elle brouille les cartes des messages anti-tabagiques.

Il devient urgent de faire évoluer les termes du débat :

 parlons désormais de lutte anti-nicotinique ;

 comprenons et assumons collectivement que la dimension la plus importante dans l’arrêt de la consommation de nicotine est la dimension psychologique ;

 arrêtons de faire croire que la e-cigarette est sans danger, disons plutôt qu’on ne sait pas encore quels effets aura sur nos organes vitaux, à commencer par le foie, une
consommation sans limite de nicotine, sans même (et c’est un comble) le dégoût des goudrons pour nous limiter ;

 revenons sur l’idée, construite au 20e siècle que fumer, consommer de la nicotine, est naturel pour l’homme !

Car si le tabac a tué et tue encore, la nicotine seule tuera également : à l’horizon des prochaines décennies, on voit se profiler une augmentation des cancers du foie, des reins ou de la vessie... sans compter le développement de l’artériosclérose, des
maladies cardio-vasculaires et l’accélération de la prolifération des cellules cancéreuses.

Aujourd’hui, en France, ce nouveau mode de consommation de nicotine prend une ampleur phénoménale, signant une victoire des industriels du tabac.

Pourtant, certains pays ne se sont pas laissés surprendre et ont légiféré : Autriche, Danemark, Finlande, Lituanie, Pologne, Royaume Uni.

Il est aujourd’hui temps de prendre conscience de la gravité du problème et de légiférer en conséquence afin que l’épidémie nicotinique ne vienne pas s’ajouter à la longue liste des scandales sanitaires.

Erick Serre
Directeur Général de Allen Carr France

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